Tour d'horizon des prochaines Journées du E-Learning à Lyon, les 27 et 28 juin… avec Yann Bergheaud, Commissaire général…
Comment se positionnent les "JEL" ?
Yan Bergheaud : Les Journées du E-Learning sont une rencontre des spécialistes de l’enseignement avec le numérique dans laquelle nous avons toujours voulu bannir une approche trop théorique qui confinerait cette manifestation à un public de spécialistes parlant à des spécialistes. Nous tenons à la fois à être un moment privilégié pour tous les acteurs de la formation avec le numérique (experts, formateurs, chercheurs, techniciens, responsables de formation, DRH…) tout en accueillant ceux qui deviendront demain des acteurs du numérique. On reproche parfois aux JEL d’avoir un "public peu ciblé", mais justement j’estime que nous avons une mission de vulgarisation des pratiques et enjeux du E-Learning et donc nous devons nous adresser au plus grand nombre.
Quelles sont les spécificités de cette nouvelle édition ?
Yan Bergheaud : Nous avons retenu comme thème pour l’édition 2013 "Réussir en E-Learning". Nous avons voulu insérer la question de la réussite au sein des débats : est-ce qu’un apprenant réussi mieux avec une formation en E-Learning qu’une formation présentielle ? Comment évaluer cette réussite ?
Gilles Babinet, "Digital Champion" auprès de Nelly Kroes, commissaire européenne chargée de la société numérique, et ancien président du Conseil National du Numérique viendra traiter de cette question de la réussite des apprenants. Mireille Betrancourt de l’Université de Genève nous démontrera que l’E-Learning permet d’apprendre mieux en s’éloignant de l’enseignement classique centré sur la transmission massive de connaissance. Enfin, Babara Means abordera la question de la mesure de l’efficacité des dispositifs en E-Learning… Barbara est une chercheuse californienne et sûrement l'une des meilleures spécialistes de ces questions.
Mais cette réussite ne peut être atteinte qu’à condition de disposer de modules de formation de qualité animés par des formateurs compétents avec du matériel adéquat. Se pose alors la question de comment produire du E-Learning de qualité. Quant à celle des processus qualité en E-Learning, nous la traiterons dans le cadre d'ateliers autour de plusieurs parcours afin d’aborder les usages numériques et les méthodes d’élaboration des productions de manière extrêmement pragmatique. Nous proposons une quinzaine d’ateliers en parallèle et notamment : "Les serious games pour apprendre" (en partenariat avec Imaginov, les créateurs du salon international Serious Games Expo), et "Utiliser des boitiers de votes, des Smartphones, des tableaux blancs interactifs, afin de rendre l’enseignement plus interactif" (en partenariat avec Promethean)…
Et enfin le droit et le numérique est un sujet qui me passionne et il reste toujours une thématique centrale dans le programme des JEL : droit d’auteur, droit de l’Internet, droit du multimédia…
Quels sont les "sujets chauds" de l'heure ?
Yan Bergheaud : Celui des Massive Open Online Course (MOOC), bien sûr, ces cours par Internet totalement gratuits sont par nature ouverts au plus grand nombre. Les Etats-Unis sont à la pointe de ce nouveau type de cours par Internet. En France, les grandes écoles commencent à s’y intéresser et la Ministre de l’Enseignement Supérieur devrait annoncer cet été le lancement du projet "France Université Numérique". Le monde de la formation est en ébullition sur cette question des MOOC. Elle remet fondamentalement en cause le modèle économique et juridique du E-Learning qui jusque là était axé sur la production de ressources numériques. Dans ce schéma classique du E-Learning, le module concentre la majeure partie des financements et son accès était commercialisé. Avec les MOOC et plus généralement tous les dispositifs « Open Course », la ressource est gratuite et donc mécaniquement la valeur-ajoutée se déporte sur l’encadrement ou le tutorat qui lui est payant. Le schéma juridique s’en trouve également modifié. Toutefois gratuit ne signifie pas pour autant libre : ce à quoi l’on accède sans payer n’est pas forcément librement réutilisation et transformable.
George Siemens, en quelque sorte "le théoricien" des MOOC, viendra nous présenter ses travaux sur ces environnements numériques de formation gratuit.
Quelle place ferez-vous à la formation professionnelle continue ?
Yan Bergheaud : L’Université Jean Moulin Lyon3 est pionnière dans le domaine du E-Learning, notamment par sa faculté de droit. Depuis 10 ans nous menons des activités de recherche et des expérimentations dans ce domaine. Je suis convaincu depuis longtemps que notre expérience et expertise peuvent être utiles au monde de l’entreprise. Les difficultés rencontrées dans la mise en place de dispositif en E-Learning sont les mêmes quelque que soit le soit le secteur d’activité, la conduite du changement se révèle être le même enjeu également… Des passerelles sont à construire entre le secteur de l’éducation et celui de l’entreprise, notre ambition depuis le lancement des Journées du E-Learning, il y a près de 10 ans, est justement d’œuvrer à ce rapprochement en favorisant les synergies possibles entre ces secteurs d’activité.
Quelle est votre vision de l'avenir du e-learning ?
Yann bergheaud : Tout change très rapidement. Il y a 10 ans lorsque nous avons lancé les JEL je n’aurai jamais pu imaginer les usages du numérique que je constate aujourd’hui. Les progrès des technologies de l’information sont extrêmement rapides. Faire du E-Learning c’est se remettre systématiquement en question !
Pour essayer de répondre plus précisément à votre question, il existe un marché de la formation phénoménal dans les pays émergents. Je reviens dernière d’Afrique du Nord et les besoins sont immenses. En outre, la France peut vraiment trouver des potentiels de croissance dans ce domaine grâce à la Francophonie. Ce qui est notable alors que l’on prend conscience que les marges de croissance économique se retreignent de plus en plus. Il existe donc des leviers importants en la matière. Mais si nous ne relevons pas rapidement ce défi d’autres pays s’en chargeront comme les Etats-Unis ou l’Asie.
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